CONTRECOURBE Propositions - Documentation - Recherches. Mail : contact@contrecourbe.eu

Développement durable ?

L'idée du développement durable est apparue naturellement plus tard que le besoin qu'on en avait. C'est quand la solidarité intergénérationnelle n'est plus assurée qu'on s'en préoccupe.

Selon la définition donnée dans le rapport Brundtland en 1987 (ONU), le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.
On peut s'étonner que les dettes et leur accroissement soient rarement associés à cette préoccupation, tout comme la transmission d'un patrimoine.

Il y a dans cette définition une peur, qui n'est même pas cachée, des conséquences du développement économique du XXème siècle. Notre époque est caractérisée par la contradiction entre la poursuite de la croissance et la limitation des ressources.
Un capitalisme "vert" voit dans la crise des limites une opportunité. Cependant, il est peu probable que l'ingénierie soit capable de remédier aux maux qu'elle a causé.

Il semble que la croissance soit terminée. Il était plus facile de faire des ajustement en période inflationniste.
Nous sommes réduit à chercher notre chemin dans l'économie paysanne, dans la capitalisation des savoirs et des réserves, dans la conservation de ce qui peut encore être sauvé. La gauche n'y a pas survécu.

L'idée même de développement durable est douteuse : elle suppose la soutenabilité de la croissance. Mise en place avec le crise écologique due à des externalités négatives, elle propose une variation du capitalisme qui en repousse les limites. Il s'agit donc d'une évolution de la croissance orientée vers l'écologie. C'est la transition énergétique qui est censée répondre au dérèglement climatique (entre autres).

Le développement durable considère une collection de thèmes : l'énergie, l'isolation, l'agriculture, les transports ... pour améliorer chacun sans toucher à l'ensemble. Le résultat est de pérenniser le déséquilibre entre trois domaines : l'économique, le social et l'écologique.
Le coût global par exemple est la tentative d'anticiper toutes les charges à venir d'un investissement. Il permet de considérer non seulement l'installation, mais aussi l'entretien et l'usage. Son principal intérêt est de faire sentir l'incertitude des choix. Une autre approche, tout aussi économiste, est l'analyse du cycle de vie des produits. Ainsi, on peut comptabiliser dans un bilan plus complet l'énergie grise nécessaire à la fabrication et à l'élimination des déchets.

Les limites des ressources sont devenues sensibles, et contrarient les idéologies issues de la révolution française. Quelques catastrophes, de plus en plus proches, rappelent la fragilité de cet édifice rationnel.
Après quelques accidents inoubliables, le principe de précaution doit répondre aux interrogations sur la santé. Il s'applique d'abord aux nocivités reconnues. C'est pourquoi des lobbys vont défendre le glyphosate, la fracturation hydraulique des roches bitumineuses, les rayonnements électromagnétiques des appareils modernes ou les composés organiques volatils des produits d'entretien, comme ils ont défendu le tabac ou l'amiante, en finançant des "études" polémiques dans le but de complexifier les questions.
Ainsi, le principe de précaution demanderait une autorité de contrôle, dont on peut douter de l'indépendance.

L'urbanisme, parce que c'est une discipline du long terme, est directement intéressé par l'idée de développement durable.
La ville du développement durable renvoie à la proximité et pourtant la mode de la densité fait question : elle ne répond pas forcément aux besoins d'une bonne desserte des transports, d'un accès à la nature ...
Ainsi : Réinventer les proximités dans la ville durable, par Jean-Marc Offner.

Enfin, cette notion paradoxale pose la question des moyens : corriger les défauts qui résultent d'un choix global pérennise celui-ci sans le remettre en cause. C'est toute la question des réformes.