Actualité de la classe dominante
L'anthropocène recoupe à la fois la responsabilité de l'homme dans l'évolution de la planète et la création de soi-même, c'est à dire un mode de vie totalement détaché des conditions naturelles. Cet artificiel est le résultat d'une volonté individualiste.
Karl Marx avait, avec le Capital, montré la prédominance de rapports objectifs sur les devenirs humains. Le capitalisme était la victoire de la chose sur l'humain, victoire qui d'après Marx devait mener à son effondrement.
Mais le capitalisme ne s'est pas effondré de lui-même. Il a évolué à l'écoute obligée de ses critiques, et surtout de celles qui avaient refondées de nouvelles dominations de la chose. Le capitalisme n'aura été qu'un moment dans l'histoire de la classe sociale dominante.
Après les prêtres-roi, puis les guerriers, vint le temps des capitalistes : les 200 familles étaient l'emblème de cette oligarchie.
Mais ce jeu a été brouillé par les bureaucrates léninistes et les despotes motorisés. Toute cette tyrannie s'est retrouvée après 68 dans la sauvegarde de la domination pour elle-même, détachée de l'argent qu'elles contrôlent désormais, comme la bourgeoisie avait contrôlé la force.
Cette gestion s'est émancipée des forces économiques pour travailler uniquement à sa reproduction. Elle a pu renouer avec les anciens empires en modernisant sans cesse l'outil mis en place par l'économie de guerre allemande, habillé par le marketing et le Spectacle. Les sciences humaines ont permis une "ingénierie sociale" de démantèlement des cultures des classes dominées. Il s'agit donc d'une forme plus pure de la division de classe, dont la propagande, l'animation et le management sont les outils essentiels.
Repliée sur la simple organisation de la séparation sociale, ce qu'on appelait le capitalisme devrait maintenant s'appeler le structuralisme : cette domination trouve (involontairement ?) dans le structuralisme rhétorique sa théorie. Ce que les structuralistes ont détaillé, c'est une décomposition de la société, décomposition qui s'est avéré le programme explicite de la "gouvernance". Et toute une partie des intellectuels médiatiques ont placés l'image devant la chose.
Seule classe survivante de cette décomposition, la classe dominante défend ses prérogatives : elle est capable d'une solidarité pratique d'opposition au reste de la société. Elle dirige au nom de nécessités dont elle-même s'imagine être délivrée ; ne s'occupant plus que de sa reproduction, elle méprise l'économie comme l'écologie. Elle n'a de conscience de classe que face aux peuples et aux régressions dictatoriales. La gestion travaille maintenant uniquement à sa reproduction en tant que classe et non en tant qu'individus.
Du marketing à l'intelligence artificielle, du numérique aux drones, une structure s'impose : ce qu'on appelait le capitalisme est sorti de l'économie pour conquérir une systématie : Une classe dominante ne signifie pas seulement qu'une minorité oriente et tire un bénéfice immodéré du travail global. Une classe dominante existe lorsque cette minorité se coordonne et se maintient en tant que groupe particulier. Ainsi, elle travaille explicitement à délier les autres relations sociales.
En restant au stade de la généralité, les pseudo-critiques de "la domination" confondent l'image et la chose. En s'acharnant sur ses fixités (âge, race, genre, nation ...), elles participent de son camouflage. Depuis qu'elle s'est autonomisée, la domination est mouvement. Elle se reconstitue sans cesse, et la mise en scène d'une catégorie particulière justifie sa minorité.
C'est l'abandon du critère de réalité qui explique les errements d'une domination qui non seulement ne peut se raccrocher à aucun principe mais doit absolument propager le relativisme. "Un bon vendeur ne doit pas connaître ce qu'il vend".