L'après-guerre de 1945 s'est construit sur un roman gaulliste : celui d'une France valeureuse et résistante face à la régression quasi-fasciste du régime de Vichy, confondue globalement avec les tenants de la collaboration avec le National-Socialisme.
En réaction à cette légende et à la suite des travaux de Robert Paxton, on en est arrivé à prétendre que toute la France avait été collaboratrice, ou au moins attentiste.
La réalité n'était certainement pas si simple que ces théories.
La guerre de 14-18 avait plus que décimé la jeunesse française. La moitié des jeunes qui étaient devenus majeurs pendant la guerre y sont morts. Des villages ont été anéantis, des familles entières supprimées. Cette saignée a enterré tout un pan de la vitalité française. L'essentiel de la guerre s'est passée en France et en a dévasté le nord. Vingt ans après la "der des der", les gens n'étaient pas prêts à reprendre le combat. Ils pensaient qu'ils avaient gagné la guerre mondiale avec un énorme sacrifice et qu'ils pouvaient se reposer sur cette force. Le dépassement économique par les Etats-Unis n'était pas vécu comme un traumatisme : ceux-ci étaient nos alliés, qui nous avaient aidés et qui bénéficiaient d'une vieille sympathie (1). Un vague sentiment de déclassement coïncidait avec un nihilisme de bon ton, fondé sur le massacre injustifiable de la première guerre mondiale. Les raisons de cette guerre étaient mise en doute, et ses résultats contestés.
Le poids du combat avait remis en cause l'intérêt de la victoire : la guerre avait été si effroyable qu'elle ne se justifiait plus que comme la "dernière des dernières". Le nombre des victimes était tel que c'est la guerre elle-même qui devait être mise "hors la loi", ce qu'a essayé de faire la Société des Nations, sans résultat. - "Il faut revenir en arrière. Il faut revenir à l'esprit qui domine, à l'esprit d'insatisfaction croissante et désabusée qui domine l'Europe que nous connaissons bien dans les années 30, dès le début des années 30, avant même l'arrivée au pouvoir de Hitler. Et surtout en Angleterre, et l'Angleterre est le véritable acteur qui entraîne la France dans toute cette opération. Il y a l'idée qu'il faut apaiser l'Allemagne - Allemagne qui avait été trop maltraitée dans les traités de la Grande Guerre. Car l'apaisement vient de loin. Il y a un apaisement anglais des années 1920." - Maurizio Serra
La révolution russe, puis le fascisme italien figuraient un homme nouveau et sans lien avec la communauté passée. Curieusement, le massacre ne remettait pas en cause la technique. L'horreur de la guerre retombait sur la civilisation européenne et faisait le succès d'une rupture, rupture qui n'était mise en doute que par quelques témoins soigneusement calomniés.
La démocratie parlementaire paraissait vieillotte et inefficace, surtout après la crise de 1929. Les états modernes s'organisait sur un modèle dictatorial. L'Angleterre menait une politique d'apaisement avec l'Allemagne, et ne paraissait pas prête à soutenir la France contre le réarmement allemand. Enfin, la Russie soviétique s'alliait avec l'Allemagne nazie, isolant les démocraties libérales.
Les dirigeants français, comme l'a montré Marc Bloch, étaient endormis dans la simple défense de leur position (la ligne Maginot est significative de leur vision). Ils étaient sous la pression de la démagogie des totalitarismes. Toute la Nation refusait de voir l'épuisement et le déclassement dû à la première guerre mondiale.
L'Amérique était loin et voulait le rester, assez sensible aux sirènes des dictatures.
Il faut garder à l'esprit que la défaite de juin 1940 marque une catastrophe qu'il ne faut pas sous-estimer : c'est la fin d'une histoire de France, le douloureux réveil de ceux qui avaient cru dans la victoire de 1918.
En 1939, la mobilisation avait pourtant bien commencé. La population acceptait la guerre avec certainement une sorte de résignation et seuls les communistes, à la suite du pacte germano-soviétiques, se montraient saboteurs. L'incursion de septembre dans la Saar, alors que les principales armées allemandes étaient occupé en Pologne, aurait pu être poursuivie sur la Ruhr. Mais Gamelin a retiré ces troupes, persistant dans sa stratégie défensive. C'est dommage, car l'attente sans action qui va suivre va user le moral des soldats dont une bonne partie seront cantonnés dans les défenses de la ligne Maginot.
Grâce à Munich, un tank sur trois qui déferle sur la France est de fabrication tchèque.
Les passions politiques de l'entre-deux guerre n'ont pas épargné la France. Les antagonismes et les haines étaient nombreux. La République était souvent rejetée comme corrompue et les extrêmes des deux bords prêts à la trahir. Il faut se souvenir du 6 février 1934, tentative de prendre d'assaut le Parlement, sur fond de nombreux scandales financiers. Le Front populaire de 1936 a eu toutes les difficultés pour faire retravailler un pays en grève.
Si les Français avaient été admiratifs de la défense finlandaise contre l'invasion russe, ils n'étaient pas prêts à se battre. Le moral des défenseurs était faible, encore plus après la longue attente de la "drôle de guerre". Cependant, quand les Allemands se sont décidés à attaquer, la réaction française n'a rien eu de ridicule. Les Allemands étaient un peu mieux outillés et le commandement français trop lent.
Il y a eu 60 000 morts dans l'armée française, avec quelques batailles difficiles pour les Allemands. Ce résultat est néanmoins à mettre en regard du nombre des prisonniers (1 800 000), qui seront transférés en Allemagne où ils resteront un poids contre l'état français. Plus qu'une défaite de l'armée proprement dite, ce fut une défaite de l'organisation.
Les hommes politiques étaient divisés et la décomposition de l'administration a permis à la lâcheté de s'imposer. C'est la même assemblée du Front populaire qui donne les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Elle le fait parce qu'elle suit le mouvement général de la population, qui était pacifiste, voire défaitiste. La gauche française, de tradition antimilitariste, acceptera la capitulation presque avec soulagement.
On voit le délai de maturation de la ruine qu'a été la guerre de 14-18.
Quand ce n'est pas l'admiration pour les dictatures (Le père de JFK, par exemple, était un admirateur de Hitler jusqu'à l'antisémitisme), le pacifisme est aussi soutenu par la droite de Leon Daudet ou Mauras (contre Bernanos) que par la gauche : Maurice Déat ne veut pas "mourir pour Dantig".
On sait maintenant qu'il y eu peu de résistants, surtout au début. On sait aussi que les communistes ne le deviendront qu'après l'invasion de l'URSS et qu'auparavant, depuis le pacte germano-soviétique, le Parti pariera sur la défaite des alliés, quitte à provoquer des dissensions entre ses membres : quelques-uns s'orienteront vers la résistance, pendant que les autres fustigeront la guerre capitaliste de Churchill. La résistance communiste, lorsqu'elle s'organisera, voudra faire oublier cette période par des provocations parfois inutiles.
L'occupation, acceptée au début sans état d'âme par beaucoup de français, va générer par les privations (on se bat pour une boîte de sardines) et par les humiliations un rejet de plus en plus fort. Lorsque la victoire allemande s'éloignera, puis surtout lorsque le Service de Travail Obligatoire viendra prendre les jeunes, l'opinion publique basculera progressivement.
Il faut aussi bien penser que la plupart des gens ne seront ni résistants, ni collaborateurs. Ils feront le gros dos.
N'oublions pas non plus les familles des français prisonniers de guerre en Allemagne.
On sait également qu'une partie de l'état pétainiste a devancé les exigences des allemands. Il faut, au delà des simplifications moralistes et des jugements faciles, essayer de comprendre les mouvements à l'oeuvre. Il faut comprendre que, comme une sorte de symétrie à la "drôle de guerre" qui a précédé l'attaque allemande, l'occupation et le régime de Vichy résultait d'une drôle de paix, issue non pas d'un accord, mais d'un simple armistice, parenthèse non refermée de la guerre et tutelle permanente des nazis (2). La convention d'armistice mettra à la charge de la France des "frais d'occupation" équivalent à un quart des revenus du pays. Cette somme est si extravagante que les Allemands auront du mal à la dépenser ; ainsi, la France soutiendra malgré elle l'effort de guerre nazi (3).
Différents partis s'opposaient, dans les opinions privées et dans les limites de la censure d'un état autoritaire, comme de l'impossibilité de critiquer les allemands. Si peu de gens aimaient l'envahisseur, il se trouvait de véritables collaborateurs, très critiques du gouvernement de Vichy et il y a eu une Gestapo française.
L'état français de Pétain souffre de sa légende noire. Il ne risque pas d'être réhabilité, mais sa calomnie n'est pas mieux fondée. Ainsi, s'il a été résolument antisémite, il a tout autant été orienté contre les francs-maçons et les défenseurs de la république. Il n'a cependant jamais voulu les éliminer. Sa participation à la shoah a été involontaire. Laval particulièrement était anti-allemand avant tout. Sa stratégie était essentiellement de négocier avec eux pour protéger les français, y compris les juifs (4). C'est cette négociation qui est condamnée comme honteuse, position morale qui est plus facile maintenant et dont on ne peut juger l'efficacité. La pureté est belle mais elle n'agit pas.
Là où cette attitude est nettement condamnable, c'est lorsqu'elle a anticipé les désirs allemands, ou quand elle s'est servie de l'occupation pour exprimer un antisémitisme ancien, comme celui de Pétain. (5)
"L'état français" s'est voulu une rupture avec la république, avec des lois d'exception, des internements et des spoliations contre les juifs, mais cette tendance sera contrée par Laval, qui reste marqué par le parlementarisme et l'administration républicaine. En voulant "finasser" avec les Allemands, il se compromettra tout autant que Pétain.
Si, à l'époque, celui-ci est admiré pour sa modération de 1917, il est aussi connu pour son défaitisme et sa vanité.
Une partie des français veut profiter de la défaite pour réorienter le pays vers une politique plus proche de celles des dictatures qui semblent depuis 1917 représenter l'avenir. La défaite semble le résultat d'une décadence de la République. Pour tous, il faut se relever de cette faiblesse. Nos voisins sont tous dirigés par des dictateurs, à l'exception de la Suisse (dans laquelle les opinions sont souvent favorable aux nazis).
L'état Français de Vichy veut en finir avec la République et avec le libéralisme. Ce sera un modèle de bureaucratie qui multipliera les réglementations. Elargissant l'action de l'état sur l'économie, ce sera indubitablement une modernisation.
L'ambiguïté de l'opposition entre la résistance et la collaboration réside en ce que chaque camp contient ses fanatiques et ses opportunistes. Il ne s'agira aucunement d'une opposition entre la gauche et la droite. La différence tiendra d'abord au patriotisme. Ensuite, le front russe ralliera les communistes, puis les premières défaites et surtout le S.T.O. et ses déportations en Allemagne peupleront la résistance. La démocratie anglo-américaine reprendra des couleurs.
La réalisation du programme antisémite hitlérien percera l'incrédulité des français et fera redécouvrir l'humanisme. A l'intérieur de la résistance s'effectuera une union des "bonnes volontés" entre communistes et chrétiens. Cependant, il y eu peu d'activistes : la plupart des gens ne voudront pas voir, ne voudront pas croire. Le régime de Pétain encouragera de fait cette indifférence.
On construit cette histoire sur les deux pôles : l'axe contre les alliés. C'est l'intérêt de la guerre de radicaliser les oppositions. De là à prétendre que ce furent les démocraties contre les fascismes, il y a une marge, ne serait-ce que de l'épaisseur de l'URSS, dont une grande partie des millions de morts sont dus à son propre régime.
La condamnation du régime de Vichy est unanime, en tant que non démocratique et non républicain, pourtant, son existence a évité aux Français l'oppression directe des nazis. Ainsi, seuls 1,5% des français ont été déportés comme travailleurs en Allemagne, contre 12% en Hollande et en Belgique, 4% en Italie et en Roumanie et 32% en Pologne. Evidemment, c'est toujours trop, mais le pays avait perdu la guerre, même s'il veut l'oublier.
Pétain et les tenants de "l'état français" ont voulu profiter de la défaite. Là est leur crime : leur pari sur la victoire de l'Allemagne. L'Allemagne victorieuse leur donnait raison ; vaincue, elle leur a donné tort. L'histoire est le domaine du risque. Cette refondation a modernisé l'administration, avec l'école d'Uriage entre autres. Même le régime nazi avait une franche modernité, et l'après-guerre a conservé une grande partie de cet apport. La frénésie législative a par exemple été conservée.
Une théorie, dite du glaive et du bouclier, voudrait qu'il y ait eu un partage des tâches entre De Gaulle et Pétain. S'il est sûr qu'il y a eu un intérêt à la France de Vichy, ne serait-ce que pour sauver des juifs, il n'y a aucune vraisemblance à un accord entre les deux parties. Cet accord serait donc en quelque sorte inconscient ...
Les Allemands ont, parait-il, été surpris du nombre de dénonciations françaises, mais ce n'est peut-être, là aussi, qu'une légende, tant cette période en a suscités.
Le baby-boum commence sous l'occupation. Le cinéma français, y compris celui produit par la compagnie franco-allemande Continental France, produit des oeuvres nouvelles et significatives, comme "Les visiteurs du soir" ou "L'assassinat du Père Noël".
Il y avait aussi de faux résistants, qui profitait du désordre pour se servir. Sans compter les truands qui travaillaient pour les nazis.
On a beaucoup dit sur l'antisémitisme de Vichy. Le nazisme ne doit pas être ramené uniquement à l'antisémitisme, même si c'est le coeur de "Mein Kampf". Il y avait une minorité d'antisémites qui ont profité de l'occupation et encore plus d'opportunistes qui ont voulu plaire aux allemands (et participer aux pillages). Un vaste débat condamne Vichy à propos de l'extermination des juifs, mais il est indubitable que la Shoah a été moins dure en France que dans tous les autres pays occupés. Vichy a eu le triste privilège de faire le "mauvais travail" pour les allemands, mais il l'a ralenti. Le nombre des juifs tués, déportés ou persécutés en France a été sans commune mesure avec celui dans les pays directement contrôlés par les nazis. Ceci ne disculpe pas Vichy de son zèle.
Simon Epstein, dans "Le Paradoxe français" montre l’implication de la gauche pacifiste dans la collaboration et de l’extrême droite maurassienne dans la Résistance.
Ainsi le socialiste Félicien Challaye, fervent anti-colonialiste, défend la collaboration et l'action de Pétain, par pacifisme. Il ne faut donc pas voir de systématie partisane.
Il faut saluer la renaissance française, qui puise ses racines dans le refus de l'armistice de De Gaulle, dans la résistance intérieure, dans l'armée de la France libre et dans l'union du Conseil National de la Résistance.
S'il n'y a jamais eu d'accord entre DG et Petain pendant cette période, la séparation entre les deux autorités n'a pas été si nette dans la pratique. La condamnation sans appel du régime de Vichy par DG, comme la condamnation à mort de DG par Pétain sont claires, mais dans l'opinion française, les choses étaient plus confuses. Ainsi, lorsque les alliés débarquent en Afrique du Nord (en 1942), ils traitent avec l'amiral Darlan qui est le dauphin de Pétain comme ils n'ont pas cessé de traiter avec Vichy (et la question ne sera résolue que par son assassinat). Les Américains, qui considèrent De Gaulle comme un apprenti dictateur, vont alors chercher le général Giraud, héros de la bataille de 1940 et évadé d'Allemagne, qui s'était opposé à l'armistice. Mais Giraud, qui devient le chef de l'armée d'Afrique (ce qui apporte aux alliés une armée importante et justifie en partie la place de la France dans les vainqueurs) ne s'oppose pas à Pétain et s'il aide la résistance corse à se libérer (premier territoire libéré par sa résistance), il doit s'effacer devant DG.
On peut aussi noter que la collaboration a suivi une toute autre voie dans l'Empire, gloire de Vichy et outil de De Gaulle. Il n'y eu là que règlements de comptes, sur le fond d'une décolonisation promise par les exigences américaines.
L'action de ceux-ci est en effet très ambiguë. Au début de la guerre, il y a aux USA une forte influence allemande, et des partisans des nazis, comme Ford et Lindberg, en même temps qu'un parti pro-français et pro-anglais, bien représenté par Jean Monnet, qui, à la suite de ce qu'il avait fait pendant la première guerre, va aider l'approvisionnement des alliés (qui ne comprennent pas formellement les Américains). C'est l'attaque japonaise qui va faire basculer l'opinion et le gouvernement. En France, ils ont un ambassadeur chez Pétain et considèrent ce pouvoir avec la bienveillance de ceux qui ont pris acte de la déconfiture française. Roosvelt considère De Gaulle du point de vue de Vichy, comme un général séditieux qui rêve de prendre le pouvoir, et seule un accord de terrain, entre Eisenhower et l'armée de la France Libre forcera le gouvernement américain, le dernier parmi les alliés, à reconnaître De Gaulle comme légitime à représenter la république française.
La politique américaine de déconstruction des anciens empires coloniaux européens s'habillera avec un romantisme de la résistance.
Mettons déjà en premier l'idée que céder à la menace ne la rend que plus dangereuse. Que la compromission n'a pas de limites. Ensuite que les choses sont toujours moins claires et moins faciles sur le moment.
Le roman gaulliste était il vraiment nécessaire ? Ne condamnait-il pas la peuple à la bêtise ?
Sa justification anti-américaine était-elle vraiment fondée ? Il y a un impérialisme américain, mais il tient beaucoup plus à la "soft-idéologie" qu'à la domination politique.
Après la retraite de De Gaulle, le redressement du pays a été spectaculaire et doit beaucoup au plan Marshall. Mais l'idéologie restait marqué par ce mythe, encouragé par le Parti Communiste, qui est même parvenu pendant longtemps à nier l'existence du pacte germano-soviétique.
Le mythe stalinien a pu gangrener l'intelligentsia française pour une cinquantaine d'année. Le "parti des fusiliers" fera gloire des millions de soviétiques morts pendant la guerre, en oblitérant ceux tués par le régime.
On voit dans cette histoire la faiblesse de l'opinion, et la fragilité de se baser dessus.
C'est aussi curieux de remarquer comme la France de Vichy a regagné les esprits, depuis le PC et Sartre, puis les pacifistes d'après-guerre jusqu'aux gauchistes défaitistes ("plutôt rouge que mort"). A croire que la résistance n'a été qu'un feu de paille.
Ainsi, l'administration de l'état a conservé le volume qu'elle a pris sous Pétain et la condamnation symbolique de celui-ci a d'abord servi à justifier la chute de l'influence française.
Un regard rétrospectif nous fait sentir la qualité de la résistance, qui s'exprimera lors de la reconstruction, et que l'on semble avoir un peu oublié dans le relativisme historique.
(1) Mais on apprend dans les mémoires de l'Impératrice Eugénie que les Américains ne voulaient pas que la France récupère l'Alsace et la Lorraine, les considérant comme des terres allemandes. C'est l'ancienne impératrice qui a persuadé Wilson, en exhumant un courrier de l'Empereur Guillaume qui, en 1870, justifie leur annexion pour des motifs uniquement militaires.
(2) Par exemple, la rafle du Vel'd'hiv n'est pas une décision française, et encore moins du régime de Vichy. C'est une volonté allemande, que l'administration de la zone occupée était obligée de réaliser, sans en savoir les conséquences. Les nazis se servaient des français pour "faire le sale boulot". "Le SS-Haupsturmführer Dannecker a indiqué de façon très nette qu’il n’était absolument plus question de discuter de l’évacuation des juifs de zone occupée. Qu’il s’agissait là d’une décision allemande qui devait être appliquée par la police française en tout état de cause" (note du SS-Obersturmführer Röthke, du 26 juin 1942, citée dans S. Klarsfeld, Le Calendrier de la persécution des Juifs de France, juillet 1940 – août 1942, Fayard, 2001, p. 424)
(3) Les réserves d'or de la Banque de France auront cependant été mises à l'abri par le personnel avant l'invasion de Paris.
(4) Il n'y a pas de comparaison entre le nombre de juifs déportés ou assassinés en France par rapport aux autres pays conquis par la wehrmacht. Ce fait indubitable est à mettre au crédit de l'armistice et de Laval, quoi qu'on en pense par ailleurs.
(5) L'antisémitisme "bourgeois" d'avant-guerre est trop souvent excusé comme simplement un opinion sans conséquence. Les nazis montreront justement que ces dénigrements peuvent avoir des suites ignobles.
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Dans la zone occupée, l’Allemagne victorieuse s’était attribué les pouvoirs de la puissance occupante tels que définis par la convention de La Haye de 1907. Ce qui signifie concrètement que les ordonnances allemandes y avaient force de loi et que l’administration, les fonctionnaires et les pouvoirs publics français devaient les appliquer sans possibilité de discussion. Il est facile de dire, 80 ans plus tard, qu’il suffisait de ne pas obéir ! Ce sont donc les Allemands du MBF – le commandement militaire installé à l’hôtel Majestic – et pas le gouvernement français dont les pouvoirs sont très limités dans la zone occupée – qui ont imposé le recensement des juifs d’octobre 1940, l’oblitération des cartes d’identité par un tampon "JUIF" à retirer dans les commissariats (13 octobre), la réalisation d’un fichier juif à la Préfecture de police (PP), diverses mesures antijuives et, enfin, le port de l’étoile jaune auquel les autorités françaises ont refusé de se prêter des mois durant, de décembre 1941 à la fin mai 1942 – une mesure qui n’entrera jamais en vigueur en zone non-occupée, y compris après l’invasion de ladite zone en novembre 1942.
(6) Marcel Déat, héros de la première guerre mondiale, agrégé de géographie et professeur à l'Ecole Normale, était le pilier du groupe des étudiants socialistes (Léo Lagrange, Jean Prevost, André Philip, Etienne Hirsch). Au moment de la guerre, il s'oriente vers un "renouveau" national et appelle à l'assassinat de Laval.
(7) Jacques Doriot, ancien directeur communiste, fonde le Parti Populaire Français dans l'idée d'une union de la gauche.
(8) Voir l'analyse de Paul Yonnet
(9) Dont une partie sont des français que le régime a "dénaturalisé".
(10) Lire Le Cercle des chacals, de Pierre Abou. Editions du Cerf, 2024.